Historique de la paroisse

История прихода

 

 

1920

Après trois années de guerre civile, l'Armée Rouge contraint les Armées Blanches à reculer jusqu'en Crimée. En novembre, l'ordre d'évacuation est donné par le général Wrangel. Près de 150 000 personnes, militaires, familles de militaires, civils, quittent leur pays natal pour Constantinople, puis, plus tard, un pays d'asile : la Bulgarie, la Serbie, la Tunisie ou la France.

Après la guerre de 1914-1918 qui a fait 1 500 000 morts, la France a besoin de main-d'oeuvre pour travailler dans les usines, et les Russes ont besoin de travailler pour vivre.

 

1922

Un premier noyau de Russes arrive à Grenoble. Une amicale de bienfaisance sera créée par Dimitri Ivanoff (1) pour aider les nouveaux arrivants. Il a trouvé un local au sous-sol d’un immeuble du 5, avenue de Vizille, au début simple entrepôt de maraîcher, mais qui deviendra par la suite l’église orthodoxe russe de Grenoble.

Le premier souci des émigrés a été de fonder une paroisse. Les premiers offices sont célébrés à l’école grecque (au rez-de-chaussée de l’église grecque boulevard Joseph Vallier) et au temple protestant (2 rue Fourrier) par le père Nicolas Soboleff, et c’est Dimitri Ivanoff qui dirige la chorale pendant ces offices.

 

1927-1929

La colonie russe s’enrichit de nouveaux émigrés, transitant essentiellement par la Bulgarie. Ils sont embauchés comme contremaîtres, ouvriers ou simples balayeurs dans les usines de béton armé de la COTRAB (Compagnie des travailleurs de l’Armée Blanche), sur l’ancien Polygone. D’autres travaillent à la Viscose (fabrique de soie artificielle à Echirolles) ou dans les papeteries BEFK à Rives (Arjomari par la suite, site fermé fin 2011). Un important contingent de Russes est embauché par l’usine électrométallurgique de la compagnie AFC Alais-Froges et Camargue (Péchiney) de Rioupéroux dans la vallée de la Romanche.

La communauté de Grenoble est de loin la plus importante (500 personnes environ). Il y avait alors trois groupes : ceux de la COTRAB, logés au Polygone, ceux de la Viscose, logés à la Cité Beauvert, et ceux qui habitaient en ville.

Elle ressent le besoin d’avoir son propre lieu de culte. Où fonder une paroisse ? Le Métropolite Euloge (Guéorguievski), archevêque des églises orthodoxes russes en Europe occidentale, diligente le père Leontchouk pour voir les trois communautés (Grenoble, Rives et Rioupéroux). La décision est prise : ce sera Grenoble. Le prêtre Nicolas Ezerski, ancien membre de la Douma, y sera nommé.

 

L’Association Cultuelle Orthodoxe Russe (loi 1901) est déclarée à la Préfecture de Grenoble le 8 février 1928 (publication au Journal Officiel le 20 février 1928). L’église de la Résurrection est fondée sous la tutelle du Patriarcat œcuménique de Paris (12, rue Daru à Paris ).

La Viscose et COTRAB apportent leur aide à l’organisation de l’église.  La Viscose fournit ainsi le bois pour l’iconostase et les pupitres.

En 1925, une chapelle orthodoxe, du nom de Saint Tikhon Zadonski, avait déjà été ouverte à Rioupéroux dans un local prêté par l’usine. Desservie par le clergé de Grenoble, elle sera fermée en 1959.

A Rives, une paroisse orthodoxe avait également été fondée en 1925 au château de l’Orgère. Desservie par le clergé de Genève et sous l’autorité de l’Eglise Hors Frontières, elle sera fermée définitivement dans les années 1980 (2).

 

1931-1940

Le père Gueorgui Choumkine est le recteur de la paroisse de la Résurrection. Avec sa matouchka, Anna Gueorguievna, ils sont très actifs : ils s’occupent de la catéchèse, une école russe est fondée pour apprendre aux jeunes à lire et écrire en russe et les initier à la littérature russe. Dans leur maison à La Tronche, ils accueillent des étudiants russes. A cette époque, la communauté russe mène une vie culturelle intense : soirées dansantes, pièces de théâtre, chants folkloriques. Et surtout, chaque année, l’arbre de Noël rassemble beaucoup de monde.

 

 

Arbre de Noël de 1933
Arbre de Noël de 1933

 

Le peintre et iconographe Stelletski, très ami avec le père Choumkine, peint l’iconostase en 1938. 

Dmitri Semionovitch Stelletski
Dmitri Semionovitch Stelletski
Schéma de l'iconostase peint par Stelletski pour la paroisse
Schéma de l'iconostase peint par Stelletski pour la paroisse

Des paroissiens font don d’icônes. Celles du Saint Sauveur et de la Mère de Dieu ont été peintes par Tatiana Viktorovna, la sœur de Xenia Viktorovna Brunard, présidente de la Croix Rouge. Celle d’Alexandre Nevski a été peinte en 1933 (sur du contreplaqué) par Maria Schulz, de nationalité roumaine.

En 1940 le père Gueorgui Choumkine part à Lyon. Il est remplacé pour un temps assez court par un jeune prêtre, Valentin de Bachst.

 

1941-1946

Le père Nicolas Maloletinkoff est recteur de la paroisse.

Les années de la guerre sont une période très difficile pour la paroisse comme pour toute la communauté russe en France. A cause des événements politiques de l’époque, une scission s’est produite entre les prosoviétiques et les antisoviétiques. En 1945, une délégation venue de Moscou propose au métropolite Euloge de revenir dans le giron de Moscou. Le métropolite Euloge meurt en 1946 et Monseigneur Vladimir de Nice confirme le rattachement de l’Archevêché au Patriarcat de Constantinople. Il nomme le père Roman Zolotoff recteur de la paroisse de Grenoble. Celui-ci deviendra évêque de Nice et s’occupera activement de la paroisse jusqu’à sa mort.

 

L'archevêque Roman
L'archevêque Roman

1946-1947

Après la guerre commencent à arriver des Soviétiques qui ont pu quitter l’URSS, souvent faits prisonniers par les Allemands lors de l’invasion de leur pays et qui n’y sont pas retournés après la libération des camps par les Alliés. C’est ce qu’on appelle la deuxième émigration. Quelques-uns viennent s’ajouter aux paroissiens.

Cependant, un certain nombre de Russes, abreuvés par la propagande stalinienne, partent en URSS. Ce sont ceux qu’on a appelés « les retournants ». La communauté russe commence à se réduire avec les départs, les décès et la mouvance de la nouvelle société.

  

Les 28 et 29 novembre 1949 a lieu au château de l’Orgère à Rives un synode d’archevêques orthodoxes venant de Lausanne, Londres, Paris et Lyon qui définissent clairement leur distance avec Moscou.

 

Jusqu’en 1962,  le « starosta » (marguillier) était Dimitri Constantinovitch Nicolaieff. Pendant la guerre, c’est lui qui a payé la location du local de l’église, tant la période était difficile pour tout le monde (chômage, manque d’argent).

En 1957 c’est grâce à ses compétences  et sa diligence que l’achat du local du 5 avenue de Vizille a pu être effectué sous couvert de l’Archevêché. Il s’est chargé de toutes les démarches auprès de l’Archevêché devenu propriétaire des lieux.

 

Dmitri Constantinovitch Nicolaieff
Dmitri Constantinovitch Nicolaieff

De 1946 à 1965, le père Mikhaïl Firsovsky est le dernier prêtre rattaché à la paroisse de Grenoble. Il a été secondé par le père Roman (Zolotoff) lors de l’achat du local de l’église.

 

Ensuite...

Après le père Mikhaïl, les moyens de la paroisse ne permettent plus d’avoir un prêtre à demeure. C’est de la cathédrale de Nice que viendront assurer les offices d’abord l’évêque Roman, puis le père Jean Jankin. Désormais, les offices ne seront assurés qu’une seule fois par mois. La vie culturelle est en stand by.

 

De 1962 à 2005,  Valentin Matias va assurer la charge de marguillier. Très efficace, consciencieux, il s’est beaucoup dévoué à la paroisse avec l’aide de son épouse Elvire.

En 1970, de retour à Grenoble, la peintre Galina Makhroff, née Klimoff (1922- 2004), fille d’émigrés travaillant à la COTRAB, a trouvé l’église de son enfance un peu pauvre et a proposé de la décorer de fresques représentant des scènes de la vie du Christ et de la Mère de Dieu. C’est ce qu’elle a fait selon la technique ancienne « a fresco » qu’elle a  pu étudier à Paris auprès de l’iconographe Léonid Alexandrovitch Ouspensky (1902-1987).

Jusqu'en 1985, un arbre de Noël était organisé chaque année par un groupe de paroissiens fidèles et dynamiques dans la salle Morillot, rue du Vieux-Temple où se retrouvaient les enfants et toute la communauté à laquelle se joignaient les amis français. A partir de 1968, il sera animé par le groupe folklorique Ivouchka, dirigé par Irène KUTTLEIN, née POZNIAK, petite-fille d’émigrés russes, professeur de russe au lycée Champollion de Grenoble.

 

Arbre de Noël 1969
Arbre de Noël 1969
Arbre de Noël 1969
Arbre de Noël 1969

 

Après la « perestroïka » et la chute de l'URSS, un nouveau contingent de Russes, issus de la Russie nouvelle, vient s’installer à Grenoble : des chercheurs, des étudiants, de jeunes couples, parmi lesquels souvent des couples mixtes. Ils donnent une nouvelle vitalité à la paroisse qui compte maintenant une quinzaine d’enfants.

Depuis le décès du père Jean JANKIN en 1996, Paris se charge d’envoyer des prêtres à Grenoble, dans la mesure du possible. Il est arrivé qu’il n’y ait pas d’office car il n’y avait pas de prêtre disponible.

En 2004 l’Archevêché envoie le père André Drobot. Il sera nommé recteur de la paroisse en mars 2005. Depuis, la paroisse connaît une certaine stabilité et une plus grande cohésion. Le père André vient une fois par mois, sauf pour Noël et Pâques, où il est remplacé par un autre prêtre. Il redynamise la communauté en organisant des rencontres amicales et spirituelles autour d’une tasse de thé avant les Vigiles du samedi ou un repas au restaurant après la Liturgie du dimanche. Une fête paroissiale est organisée au printemps au centre Théologique de Meylan, parfois même également à l'automne.

Un pèlerinage a déjà été organisé à Ugine dans la petite église orthodoxe Saint Nicolas que l’Archiprêtre Alexis Medvedkoff, canonisé en 2003, a desservie dans les années 30. Depuis avril 2012, l’église porte le nom de Saint Nicolas et Saint Alexis d’Ugine.

Un arbre de Noël a pu être à nouveau organisé en janvier 2013.

 

Une chorale a toujours été présente dans la paroisse de Grenoble.

Formée dans les débuts par Dimitri Ivanoff, elle a été dirigée de 1928 à 1940  par Paul Iakovlevitch Kobetz. Lui ont succédé Mrs Pavlenko, Alexandre Zimine (1947-195?), Pavel Vassilievitch Strekaloff et Mikhaïl Mikhaïlovitch Gartynsky.

De 1968 à 1987, Alexandre Plotto dirige la chorale de main de maître. Il réécrit de sa main toutes les partitions... un travail colossal.

De 1988 à 1992, Nella Lazortchak succède à Mr Plotto.

De 1992 à 2012, Hélène Reynaud remplit les fonctions de chef de chœur.

Depuis, sans chef, la chorale continue de chanter lors des offices.

 

Notes

 

  1. Bénéficiant d’une grande culture musicale et souhaitant faire connaître en Occident le patrimoine musical russe, à la fois profane et religieux, Dimitri Ivanoff fonde les « Chœurs russes de Grenoble » qu’il dirigera jusqu’en 1971.
  2. Après sa fermeture, l'église de Rives, abandonnée, a été saccagée. La mairie avait pour projet d'y construire une maison pour tous, mais le projet a dû être abandonné, faute de moyens.